Dans de nombreux débats, il arrive que des jeunes nous attaquent personnellement, ce qui peut être très déstabilisant. Ces attaques peuvent être implicites (« je ne supporte pas ceux qui disent ce genre de choses… »), humoristiques ou carrément directes (« Monsieur, elle pue votre position ! »).
Les élèves qui attaquent l’animateur ou l’enseignant sont presque toujours en train de tester son autorité, de tester la relation qu’ils ont avec lui ou elle. Quel que soit le type d’attaque, le défi pour l’animateur est dès lors de parvenir à répondre sans entrer dans la confrontation directe. S’il montre qu’il est affecté et dans l’émotion, bien des jeunes vont en effet instinctivement décoder qu’il n’est pas suffisamment « fort » pour leader la classe et il va perdre de son autorité.
Force, souplesse, écoute et bienveillance
Si l’adulte réagit dans la confrontation directe en attaquant à son tour, il se mettra au niveau de son agresseur et perdra aussi de son autorité. Si, dans sa manière de répondre, il ou elle abuse de sa position de pouvoir pour casser le jeune en question, il ne perdra pas forcément d’autorité, mais celle-ci sera désormais considérée par les jeunes comme potentiellement malveillante. Pour toutes ces raisons, le défi est donc de réagir de manière suffisamment détachée mais en remettant le cadre, avec fermeté et bienveillance.
Gestion des émotions, gestion du non verbal
Dans ce genre de situation, c’est la posture de votre corps et le timbre de votre voix qui feront la différence. Si votre non verbal montre que vous contrôlez vos émotions et que vous n’êtes pas affecté, l’élève, comme l’ensemble du groupe, comprendra que vous êtes au-dessus de ces enjeux et donc prêt à guider le groupe.
L’humour comme ressource, quand il est bienveillant
L’humour est une option intéressante par rapport à une attaque. Cela permet de ne pas la prendre au sérieux et de montrer qu’on a du détachement. D’une certaine manière, c’est à la fois une esquive et une manière de renvoyer la balle vers le jeune. Attention toutefois ! Si l’humour permet de surprendre et de déstabiliser les jeunes qui vous portent des coups, il peut aussi facilement virer à l’humiliation. C’est pour cette raison qu’il faut faire attention à éviter un humour trop agressif et que, si cela vous a échappé, il est primordial de rectifier tout de suite, soit en s’excusant, soit en recadrant votre propre propos sur un ton sensiblement plus sérieux.
Cadrer pour rassurer
Que ce soit avec ou sans humour, il est important que votre réaction remette le cadre : celui du respect ; respect des autres et respect de l’autorité. De nouveau, cela ne nécessite pas d’être cassant, mais certainement d’être ferme et clair.
La respiration, pour marquer le coup, pour rebondir
Il peut être difficile d’avoir une telle gestion des émotions. Pour y parvenir, prendre un temps de pause et bien respirer n’est pas interdit, surtout si ça vous aide à ensuite mieux gérer votre timbre et vos gestes.
Dans le même ordre d’idées, il est possible de commenter la situation, pour gagner du temps sans pour autant être silencieux : « Mais, tu es en train de m’attaquer en fait Xavier ? »
Gérer le groupe, prendre en aparté
Enfin, dans toutes les situations, il convient d’avoir une réaction en public pour replacer le cadre et bien montrer que l’élève n’a pas à faire cela, mais il est tout aussi important de prendre ensuite l’élève à part pour avoir une discussion plus solide avec lui. Cela augmente la fermeté et la gravité des faits aux yeux de tout le monde. Cela a aussi l’avantage de permettre de mettre davantage de bienveillance pour l’élève en particulier. Vous prenez en effet du temps pour lui et vous avez la possibilité de lui expliquer les raisons de vos réactions. Si son attaque était une manière inconsciente de vous demander de réagir, ce temps individuel vous permettra également de mieux comprendre ses enjeux et de mieux ajuster votre position.
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