C’est un enjeu universel de l’humanité : comment faire groupe ? Comment constituer une communauté ? Cette question est vraie pour n’importe quelle famille, dans le risque de se diviser ou d’avoir des « moutons noirs ». Dans les sociétés hautement diversifiées, l’enjeu prend encore une autre texture, tant les motifs de division peuvent se multiplier. Religions, loisirs, cultures, langues, origines, couleurs politiques, orientations sexuelles… le contexte actuel regorge de ces facteurs potentiels de polarisation. En plus, tout cela est sans compter la massification des populations, l’individualisme grandissant et les multiples séparations que nous vivons ; autant de paramètres qui accroissent encore l’incapacité des uns et des autres à s’intégrer dans un collectif.
Comment faire groupe dans la différence ?
Faire groupe est une nécessité pour vivre. C’est en même temps une intention qui entre en tension avec notre liberté de nous associer comme de nous dissocier. C’est là tout l’enjeu de l’interculturalité : ouvrir sur les diversités, ne pas entraver les amitiés et les petits groupes, mais en même temps construire un collectif par-delà ces différences et ces divisions. Ce défi vaut d’ailleurs pour toute l’humanité, avec les enjeux de solidarité et de sens des autres qui se posent au niveau mondial. Comment être soi-même avec les autres ? Cette question se pose également pour n’importe quel groupe d’adolescents, avec toute la difficulté qu’il y a à gérer leurs besoins de mimétisme comme de se différencier.
À court terme, gestion habituelle des débats de crise
À court terme, il y a toujours un sentiment de « déjà trop tard » : on constate les divisions, les rejets, les stratégies de combat qui ordonnent l’espace du groupe, de la classe, de la cour de récréation, de la rue… Face aux violences qui peuvent se manifester du fait des tensions relationnelles, les premières réactions sont de l’ordre de la gestion du débat et de l’impératif de protection qui nous revient en tant qu’animateurs (voir Annexe 3).
À moyen terme, construire l’unité dans la diversité
Lorsque ce genre d’événement intervient, la stratégie de moyen terme consiste à essayer de rattraper le retard afin de rétablir un climat favorable à la cohésion comme aux diversités. Pour ce faire, l’idéal est d’avoir en tête les deux objectifs de toute stratégie interculturelle réussie :
La première partie de la stratégie peut se faire de multiples manières : un dîner de classe durant lequel chacun vient avec le repas (souvent identitaire) de son choix, le quizz musical pour voir à qui correspond quelle musique, les travaux sur les origines identitaires, les arbres d’ascendance… nombreux sont les outils éducatifs qui permettent d’inviter à la reconnaissance identitaire.
À travers le déploiement de ces outils se vit déjà une aventure partagée : celle de la découverte mutuelle. Elle n’est cependant pas suffisante. Pour éviter que cette reconnaissance mutuelle ne se résume à un « débat de position », il est important de dépenser de l’énergie également pour faire prendre conscience des points communs, et surtout pour construire des fiertés communes. C’est là une des intentions des nombreux projets conseillés dans ce guide. À travers le challenge partagé de chacun d’entre eux, à travers leur réalisation, c’est l’attachement des jeunes à une même communauté qui est en jeu. C’est leur attachement aussi à des comportements et des réalisations en lien avec les valeurs citoyennes.
À long terme, agir à plus grande échelle
À long terme, il est plus qu’utile de tenter de déployer cette logique en deux temps, non pas seulement à votre groupe de référence, mais à l’ensemble de votre établissement, que celui-ci soit une école, une association ou une institution.
Ressources spécifiques dans ce guide
Pour jouter ou en débattre autrement (voir Annexe 9)
THE E-LEARNING TOOL
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