GENRES

Écriture inclusive et machisme de la langue française

Challenges

Une jeune réagit à un document donné en critiquant le fait que ce ne soit pas rédigé en écriture inclusive. Elle précise que c’est un document misogyne et opprimant pour les femmes. Une seconde jeune réagit en disant que cette écriture ne la gêne pas et que ce combat ne sert à rien, un troisième traite la première de « féministe intégriste ». Que faire ?

 

L’écriture est aujourd’hui pointée du doigt pour ses stéréotypes sexistes et son manque de parité homme/femme. Ses détracteurs proposent au contraire une écriture dite « inclusive » et assurant une rédaction plus égalitaire. Elle consiste notamment à user de manière équivalente du féminin et masculin (ils et elles, mesdames et messieurs), à employer des mots neutres (« humains » plutôt que « hommes ») et à féminiser certaines fonctions ou grades (présidente, entrepreneuse, etc.). Il n’est donc pas étonnant que des élèves sensibilisé(e)s remettent en question certaines formulations : un courrier adressé aux « étudiants », un syllabus où tous les titres des personnes seraient exprimés au masculin (« les politiciens », « les employeurs », …).

 

Entre recherche de justice, communication efficace et stratégie de changement

L’attitude relevant d’une injustice sociale à combattre, l’enjeu est de l’accueillir tout en sensibilisant les jeunes aux enjeux de leur combat : en termes de violence dans leurs propres propos, en termes d’évolution culturelle forcément lente, en termes de lisibilité et d’efficacité du message ainsi qu’en termes de rentabilité des efforts par rapport à d’autres combats féministes.

 

L’enseignant peut aussi rappeler que le sexisme est un système contre lequel il est important de lutter mais que l’écriture inclusive n’est pas le seul moyen pour y parvenir. Il a alors la possibilité de manifester une attention à être plus inclusif dans le futur, ou peut marquer sa volonté de respect de la parité en proposant une activité de sensibilisation à la lutte contre le sexisme. Il semble en tout cas judicieux de rétablir un sentiment de confiance avec l’ensemble de la classe.

Options

À court terme, accueillir et encourager

À court terme, cette situation nécessite de gérer des échanges respectueux. Selon les intonations utilisées et les émotions en présence, il se peut qu’une simple reformulation suffise, où, à l’inverse, que des excuses mutuelles soient nécessaires. Vis-à-vis de la première élève au combat féministe, il est bien que ce recadrage s’accompagne d’un commentaire encourageant concernant son combat pour davantage de justice de genre. Dans la foulée de cette mise au point, peut alors s’engager un débat sur les avantages et les inconvénients de l’écriture inclusive (voir Annexe 4, tableau des « pour/contre »). À travers le tableau et le débat, les élèves pourront prendre conscience du fait que l’écriture inclusive ne fait pas consensus, l’Académie française jugeant notamment qu’elle complexifie la langue et peut brouiller sa lisibilité. Elle pourrait notamment représenter des difficultés pour les personnes dyslexiques. Du fait de ces difficultés, il sera également possible de réfléchir à l’intérêt ou la priorité de ce combat par rapport à d’autres enjeux féministes.

 

À moyen et long terme, prendre en compte et faire débattre

À moyen terme, une réflexion sur les avantages et inconvénients de l’écriture inclusive peut aussi être menée avec la classe (sous forme de joutes verbales par exemple – voir Annexe). L’enseignant peut pousser l’élève à la réflexion sur la manière de faire évoluer les consciences par une posture compréhensive plutôt que moralisatrice ou agressive.

 

À moyen/long terme, l’enseignant peut choisir d’adapter son cursus pour le rendre plus inclusif et/ou de proposer une activité sur le féminisme afin de montrer sa volonté d’attention à la parité. Dans un cas comme dans l’autre, l’important est de rétablir la confiance avec le(s) personne(s) concernée(s).

 

À court, moyen et long terme, par rapport aux propos de « féministe intégriste », il est opportun de se référer à la fiche sur les propos sexistes (5.2.5).

Ressources
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