Suite à un fait d’actualité internationale (ou à un élément du cours), des élèves prennent des positions opposées sur le conflit israélo-palestinien. Par extension, un débat identitaire entre antisémitisme ou islamophobie (ou « haine antimusulmans ») commence en classe. Que faire ?
Le conflit israélo-palestinien est un des rares sujets qui ne laissent personne indifférent. Est-ce à cause de la centralité de la Palestine dans l’histoire des monothéismes ? Ou à cause de son intensité et de sa durée ? Voire du fait du traumatisme que constitue encore la Seconde Guerre mondiale dans les inconscients ? Ou encore parce qu’il symbolise une sorte de confrontation entre l’Islam et l’Occident ? Toujours est-il que, lorsque l’actualité s’y attarde pour la énième fois, systématiquement cela provoque des réactions en sens variés et souvent contraires. Du fait de cette position symbolique, ce conflit entretient et est entretenu par les montées concomitantes de l’antisémitisme et de l’islamophobie ces dernières années.
Un conflit aux identités internationales
Pour toutes ces raisons, aborder le conflit israélo-palestinien est un exercice délicat, le sujet polarisant les identités. C’est ce qui fait que la tâche comporte plusieurs challenges : faire référence à une histoire complexe, reconnaître les identités et les blessures identitaires en présence, cultiver la nuance quelles que soient les positions, sortir des grands narratifs (eux-mêmes multiples) que les médias proposent, garder une sérénité suffisante dans le groupe…
À court terme, préciser les termes et les enjeux du débat
À court terme, il peut être bon d’utiliser la stratégie de la maïeutique (Annexe 8) pour clarifier les protagonistes du débat ainsi que les enjeux. Les questions importantes sont ici du genre « De qui vous me parlez ? », « Des juifs ? », « Des musulmans ? », « Des Israéliens ? », « des Palestiniens ? », « A quelle époque ? », « Où en Belgique ? « Où dans le monde ? »… À travers les questions, il s’agit de faire prendre conscience aux élèves qu’ils ne nomment pas correctement ce conflit. Au terme de cette démarche de questions, un aboutissement adéquat est de faire un schéma avec les protagonistes, les faits, les enjeux, les questions à résoudre pour la fois suivante.
Éventuellement, en fonction du tableau, donner des tâches aux élèves pour qu’ils fassent des recherches afin de préparer le cours suivant.
Si l’animateur le désire, dès cette étape, il a la possibilité d’apporter des clarifications. Après avoir écouté les élèves et après les avoir mis en réflexion sur leurs perceptions, il est déjà possible de les nourrir pour mieux comprendre ce conflit. À ce stade, il est aussi important de préciser que ce travail vise à mieux comprendre ce qui se passe, et pas forcément de savoir « qui a raison » ou « ce qu’il y a lieu de faire ».
À moyen terme, décentrer pour réfléchir les notions
À moyen terme, il est possible de se baser sur ces ressources, de faire un travail avec les élèves sur l’histoire du conflit, sur les protagonistes, les enjeux, etc. L’enjeu est toujours de sortir des stéréotypes et surtout de bien faire la distinction entre le conflit et la situation des musulmans et des juifs dans le reste du monde. Dans cette perspective, il est notamment possible de s’appuyer sur le travail d’associations telles que AIM, le CCLJ ou CEAPIRE pour organiser des débats en classe, mobilisant de multiples outils. AIM en particulier s’appuie sur l’expérience de jeunes qui ont été sur place et, en utilisant différents outils de débat, leur permet d’interagir avec leurs pairs pour développer chez eux le sens de la nuance. Sans forcément faire référence à des acteurs extérieurs, il est également possible de passer par l’un des nombreux films existant sur le sujet (voir ressources).
Sur la question de la Shoah ainsi que de l’État d’Israël, de nombreuses fiches pédagogiques existent également, notamment fournies par le programme « Démocratie ou barbarie ? ».
À moyen et long terme, nourrir les débats et les rencontres
À moyen/long terme, il est possible de vérifier que les élèves ont dépassé leur tension en organisant des joutes verbales. Il est également opportun de faire des projets réunissant des élèves d’écoles très différentes. Selon les quartiers et les cultures, les positions sur le conflit sont en effet assez variables, de sorte que ces rencontres peuvent donner des éléments très enrichissants, surtout si elles sont tournées vers le dialogue interconvictionnel.
https://www.justicepaix.be/-Outils-pedagogiques
Des animations sur ces thèmes sont aussi possibles :
https://www.justicepaix.be/-Animations-
De l’autre côté https://vimeo.com/291491747
Débat des maux https://vimeo.com/294307743
Ressources spécifiques dans ce guide
Pour jouter ou en débattre autrement (voir Annexe 9)
THE E-LEARNING TOOL
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