Société et idéologies

Comment débattre des attentats ? Ou « Faut-il être Charlie ? »

Challenges

Des élèves ont des propos qui cautionnent un attentat, ou refusent d’être solidaires des manifestations de soutien à Charlie Hebdo, Samuel Paty ou d’autres figures de la liberté d’expression en Belgique ou en France. Comment réagir ?

 

Ce genre de comportement est souvent dur à vivre, tant on a le sentiment qu’il s’agit d’une manière de cautionner un certain nombre d’atrocités. En même temps, à l’adolescence, il est on ne peut plus normal de vouloir aller contre la majorité ou la société, quelle que soit la position de cette dernière.

Tout l’enjeu de la situation est de sortir du faux dilemme : “soit tu es solidaire des mouvements français en présence, soit tu bascules du côté des terroristes”. Il est très important pour les jeunes de comprendre qu’ils peuvent se sentir en porte-à-faux par rapport à un mouvement de société sans pour autant y être totalement opposés.  

 

Face aux émotions, nourrir les positions nuancées

Dans cette situation, paradoxalement, trop défendre les mouvements pour la liberté d’expression peut contribuer à limiter cette dernière dans l’enceinte de la classe.  

Lorsqu’une société se polarise de manière aussi forte, il est en fait rare que les positions des jeunes soient si figées que ça. Pour les aider à se chercher sans se polariser, la stratégie de la question est bien plus efficace encore que d’habitude.  

Options

À court terme, entre refus des violences et outils de réflexion

À court terme, il s’agit de gérer la discussion de manière à éviter les débordements. Au besoin, il faut rappeler le cadre (Voir Annexes 8 et annexe 3).  

 

On peut aussi s’appuyer sur la maïeutique (Annexe 7) pour aider les élèves à se positionner :  pour quoi ? contre quoi ?… Par des questions, il s’agit de les aider à se situer avec nuance, de les aider aussi à voir quels sont les points communs et les désaccords.  

 

Si cela se passe après des événements tragiques dans l’actualité, il est important de bien prendre soin de rassurer et d’écouter les émotions. 

 

Si certains élèves restent dans des positions de défense des violences, il est important de constater le décalage entre leurs positions et les principes de notre société. Lorsque vous estimez que c’est nécessaire, vous pouvez tout à fait évoquer votre malaise (voir annexe 11 et annexe 15), et il est également important de faire réfléchir sur les nombreuses victimes forcément innocentes de ces attentats, sur leur peine et sur leurs réactions s’ils devaient entendre ce genre de propos.

 

À moyen terme, prendre au sérieux les délits, prendre soin de la cohésion du groupe

À moyen terme, si certains des élèves restent sur des positions provocantes et cautionnant les violences, il est opportun de les prendre à part et gérer en dehors du cours. L’idée est de leur faire prendre conscience que les mots sont des actes et qu’ils peuvent donc amener des conséquences, notamment parce que certains sont interdits par la loi. Parallèlement, leur expliquer aussi que leurs idées peuvent être partagées de manière non-violente, notamment en les aidant à reformuler. Vis-à-vis de ces élèves, il est très important de réfléchir sur les raisons qui les amènent à tenir ce genre de propos. S’il s’agit d’éléments en lien avec leur famille et/ou leur quartier, il est important de s’adresser aux services compétents pour vous aider à réagir à la situation (équipes mobiles en ressource).

 

À moyen terme toujours, il est aussi important de continuer à travailler sur la cohésion du groupe et sur le fait que ces élèves en fassent partie. Lorsque l’on est face à des élèves de ce profil, des débats polarisants peuvent accélérer leur sortie du groupe, et par conséquent favoriser la suite de leur trajectoire de radicalisation. En fait, ce qu’il faut éviter à tout prix, c’est le décrochage de société.

 

À moyen et long terme, vivre les valeurs démocratiques

À moyen/long terme, le plus important est de mener des projets qui montrent la pertinence des valeurs démocratiques en vivant la justice à l’école, en pratiquant les méthodes de résolution de conflit, en se bougeant pour la liberté et l’égalité, en apprenant à débattre, en travaillant l’éducation critique aux médias, en rencontrant des acteurs différents pour s’enrichir. Plus les jeunes s’épanouiront dans le système que vous leur proposez, moins ils seront disponibles pour tenter des narratifs et des systèmes concurrents.

Ressources
    • Le Centre de REssources et d’Appui pour la prévention des extrémismes et des radicalismes violents (CREA) : https://extremismes-violents.cfwb.be/ressources/
    • En cas de situation inquiétante en matière d’extrémisme, il est indiqué d’appeler le service des équipes mobiles: http://www. enseignement.be/index.php?page=23747. Celui-ci peut intervenir dans de multiples situations, du décrochage scolaire aux événements traumatisants, des comportements extrémistes aux tensions inter-religieuses.
    • Comment réfléchir de manière générale la prévention de l’extrémisme violent :

    www.ecolecitoyenne.org/theme/prevention-des-extremismes

     

    Ressources spécifiques dans ce guide

    • Pour animer des débats dans des situations de court terme : Annexe 2 et Annexe 3.
    • Pour voir comment réagir aux propos anti-démocratiques, Annexe 11.
    • Pour aider les élèves à aller plus loin dans la réflexion avec eux : Annexe 7 et Annexe 8
    • Pour réfléchir en équipe en cas de situation préoccupante : Annexe 16 et Annexe 17.
    • Pour faire référence à la loi et/ou passer la main : Annexe 14.

     

    Pour jouter ou en débattre autrement (voir Annexe 9)

    • Faut-il une liberté d’expression totale ?
    • Faut-il autoriser le retour des djihadistes ?
    • Faut-il autoriser le retour des enfants des djihadistes ?
    • La violence peut-elle être légitime ?
    • La prison est-elle une solution au terrorisme islamiste ?
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