Dans le cadre de/suite à un cours d’histoire, les élèves remettent en question la Shoah, en précisant que les juifs sont tellement puissants qu’ils ont réécrit l’Histoire. Comment réagir ?
La mémoire de la Shoah est l’une des plus ancrées et des plus travaillées de notre système éducatif. Non seulement elle est présente dans de nombreux films et références bien connus, mais en plus, de multiples programmes scolaires et périscolaires y font référence. Lorsqu’un jeune tient dès lors des propos antisémites et/ou révisionnistes, ce n’est pas une question seulement d’accès à l’information. C’est d’abord une question d’identité, et presque toujours un besoin de se positionner « en contre » par rapport à la société.
Parler à l’antisémitisme comme à une émotion
Pour cette même raison, il est ici inopportun de s’attaquer directement à ces propos. Il peut même être contre-productif de rappeler directement que la Loi qui indique qu’on ne peut pas dire ça et que ce sont des paroles punissables. Lorsque c’est le cas, les jeunes comprennent en effet implicitement que le système que l’école incarne est « fermé » et donc qu’ils ont raison de s’y opposer.
À court terme, bienveillance et leviers de réflexion
À l’inverse, à court terme, la meilleure option est de demander aux jeunes de réfléchir à « pourquoi ils disent ça ». Il est cependant important de veiller à ce que leur parole ne fasse pas davantage tache d’huile, tout autant qu’il est important de voir si leurs paroles sont dirigées vers des personnes du groupe, ou s’il s’agit plus de « déclarations générales » par rapport à la société. De ce fait, il est davantage utile de faire réfléchir les jeunes seuls à cette question, ou en petits groupes (voir Annexe 4) de manière à éviter que ces propos antisémites ne soient d’autant plus fièrement exprimés qu’ils le sont face à une audience. Que ce soit en grand groupe, en petits groupes ou face aux élèves individuellement, l’enjeu sera ensuite d’utiliser la maïeutique (Annexe 7) pour faire réfléchir aux arguments rationnels qui permettent de défendre les positions données.
À moyen terme, rencontre, approfondissement et suite du débat émotionnel
À moyen terme et après avoir récolté les faits, arguments et émotions, l’étape suivante consiste à confronter les jeunes à différentes sources historiques, ou à différentes rencontres qui permettent de se faire une idée plus précise des événements en question. Les ressources sont ici nombreuses et parfois de qualité variable. Quel que soit votre choix, l’important sera d’accompagner les élèves de la manière la plus objective et détachée des émotions. Même si c’est pour les confronter à des réalités historiques dures, même si c’est pour leur faire prendre conscience de la gravité de leurs actes et de leurs propos, il est important qu’ils comprennent que ce n’est pas pour des raisons émotives que vous agissez. Ils ont l’habitude de ces réactions émotives et les recherchent même souvent. À l’inverse, il est donc important qu’ils comprennent que les faits et les valeurs sont de votre côté. C’est la manière la plus sûre pour que, tôt ou tard, ils changent de posture et rejoignent votre démarche.
À moyen/long terme, il est possible de visiter la caserne de Breendonk, d’organiser un voyage à Auschwitz, ou plus simplement de s’impliquer dans l’un des nombreux projets proposés en Belgique francophone pour lutter contre l’antisémitisme. Quel que soit le choix, il est fondamental de porter attention à ce qu’il s’accompagne de rencontres et d’une dimension humaine forte. Comme les jeunes sont habitués aux stratégies de prévention de l’antisémitisme, la manière de les gérer et de les incarner peut faire une grosse différence.
Ressources spécifiques dans ce guide
Pour jouter ou en débattre autrement (voir Annexe 9)
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