Certains élèves font référence à des manifestations des gilets jaunes en justifiant les violences. Ils expliquent que c’est le système qui est injuste et que la violence est parfois nécessaire pour réveiller le politique. Comment réagir ?
Les inégalités socioéconomiques traversent nos sociétés et font parfois l’objet de confrontations violentes comme dans le cas de la crise des Gilets Jaunes. Les jeunes sont tout à fait à même de discerner l’existence de ces injustices et y font parfois face personnellement. Pour eux comme pour d’autres, la solution violente semble dans certains cas le seul remède possible face à l’impuissance à régler ces problèmes de fond. Ce sentiment peut d’ailleurs être amplifié par la vue des violences policières à l’égard de certains manifestants, encore plus si les jeunes en question ont eux-mêmes des relations régulièrement difficiles avec les représentants des forces de l’ordre. Si ces propos émergent dans les débats, la difficulté est, à la fois, de ne pas nier que des situations d’injustices existent et paraissent s’imposer durablement, et d’autre part, de ne pas légitimer le recours à la violence comme moyen d’action.
Soutenir la lutte mais pas les violences
En accueillant la parole des élèves, il faut faire attention à ne pas créer une polarisation, par exemple entre ceux qui se reconnaîtraient plutôt dans le parti des Gilets Jaunes et ceux qui défendraient les forces de l’ordre, surtout si certains semblent touchés personnellement par ces questions. Il faut aussi veiller à dénoncer les formes de violence qui s’exercent dans les deux sens. Contre le sentiment d’impuissance qui peut mener à l’usage de la violence, il est bien sûr intéressant d’aborder les autres moyens de lutte tels que les grèves, pétitions, manifestations et autres désobéissances civiles.
À court terme, aller vers le fond des problèmes
À chaud, il est important de gérer le débat en étant attentif aux positions en présence, en veillant en particulier à ce que le groupe ne se polarise pas davantage. A travers le questionnement, il peut être intéressant de faire réfléchir les jeunes sur ce qui est, selon eux, le fond du problème et non sa manifestation. Lorsque la discussion a permis d’identifier certains problèmes de fond (tels que les injustices de redistribution économique par exemple), il est opportun de construire un tableau reprenant dans une colonne les quelques problèmes de fond identifiés. Ensuite, dans une seconde colonne, reprendre les émotions qu’ils ressentent à cet égard et dans une troisième les différentes manières d’y réagir. Face à cette troisième colonne, le but est bien évidemment de montrer qu’il n’y a pas que des solutions violentes qui sont envisageables, loin de là ! (voir Annexe 4).
À moyen terme, multiplier les formes d’expression citoyenne
À moyen terme, une option intéressante est d’approfondir les formes d’expression citoyenne : désobéissance civile, manifestations non-violentes, cartes blanches, démarches associatives, engagement politique, démarche auprès des politiques, vidéos ou podcasts sur les réseaux sociaux… Il est aussi utile d’approfondir le fonctionnement économique de notre système afin que les jeunes en comprennent mieux les ressorts, les choix, les injustices. Dans ce travail, il est également intéressant de pointer que, si les « dominés » de notre système économique peuvent bien évidemment se plaindre des injustices à leur encontre, ils peuvent également prendre conscience que, du point de vue de l’ensemble de la planète, ils font partie en fait des populations favorisées. L’enjeu n’est pas de décrédibiliser leur cri d’injustice, mais de le mettre dans un contexte plus large au sein duquel d’autres vivent des injustices certainement beaucoup plus grandes, leurs combats pouvant probablement prendre en compte aussi ces injustices moins proches de leur quotidien.
À moyen/long terme, se mettre en projet
À moyen/long terme, tout l’enjeu est de mener les élèves dans un travail de production citoyenne. Après avoir choisi avec eux un moyen d’expression (de nouveau vidéo, podcast, article, affiche…), la démarche consiste à identifier le message à transmettre, à s’organiser pour le construire et à ensuite en assurer la diffusion au sein de l’école, sur les réseaux sociaux ou à l’attention de différents pouvoirs politiques.
Dans ce cadre, il ne faut pas non plus hésiter à envisager des projets de solidarité plus concrets visant, même à un niveau local, à œuvrer pour plus de justice. Dans cette perspective, il est très efficace de faire des partenariats avec des associations actives en la matière afin que les élèves puissent apporter leur pierre à l’édifice. Quel que soit le projet envisagé, le fait que vous vous impliquiez avec les élèves est un message fort. En tant qu’intermédiaire entre eux et l’État, ils peuvent se rendre compte que l’État de droit n’est pas l’ennemi, mais le terrain sur lequel peut se jouer le combat.
Ressources spécifiques dans ce guide
Pour jouter ou en débattre autrement (voir Annexe 9)
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