Que ce soit entre deux élèves ou entre un(e) jeune et vous-même, de nombreux débats polarisants débouchent sur des blessures mutuelles, sur des relations à réparer. Que faire pour que ces conflits interpersonnels ne parasitent pas les débats ni la vie du groupe en général ?
Les débats ne peuvent jamais être pris indépendamment de la vie complète d’un groupe de jeunes. En fait, ils sont souvent l’expression légèrement déformée de l’état des relations entre jeunes, des tensions et divisions qui peuvent caractériser le groupe.
Les relations, sources des débats, objectifs de nos réactions
C’est ce qui fait que, pour rétablir la paix dans un groupe, il n’est pas toujours possible de se contenter de débattre avec les élèves. Il faudra au contraire générer des espaces de discussion et de médiation, voire travailler à l’action commune pour réparer la base des relations avant que le débat ne puisse avoir lieu, et témoigner que ces relations sont effectivement réparées.
Le DESC, base des stratégies de résolution de conflit
Les outils du courant de la Communication non–violente sont très utiles. Le DESC en particulier est une ressource très utile qui propose, en privé entre les protagonistes d’un conflit, une discussion en quatre étapes : (1) Décrire les faits le plus objectivement possible, (2) Exprimer chacun ses émotions par rapport à ces faits, (3) proposer des Solutions pour que la situation s’améliore et (4) s’assurer que ces solutions présentent un bénéfice Commun. Adéquatement réalisé, le DESC permet de se mettre d’accord sur les faits sans diminuer l’importance des émotions. Il permet aussi d’être dans la proposition de solutions mutuelles et équilibrées.
Pour réparer, agir vaut souvent mieux que discuter
Dans bien des cas, même en petits groupes, le débat n’est pas la meilleure solution pour réparer une relation. Ce qu’il faut, c’est de l’action commune, des projets communs, des réalisations communes qui rapprochent les personnes plus durablement. Au cours d’un DESC comme face à n’importe quel enjeu relationnel, il est donc bon de déboucher sur des actions à mettre en place et permettant à des personnes en tension de sortir de leurs émotions grâce à l’une ou l’autre forme de mise en mouvement. Évidemment, lorsque des participants sont en tension, il est possible qu’ils ne parviennent pas à collaborer dans le cadre d’un projet. C’est ce qui fait que, lors d’un jeu de ce type, l’animateur devra être très attentif à ces élèves et aux émotions qu’ils pourraient témoigner. Mais (comme indiqué largement dans les fiches de ce manuel), face à beaucoup de situations, les projets et actions communes restent des options qui permettent de faire basculer une tension en coopération.
Jouer pour se réconcilier
Parmi ces actions qui peuvent réconcilier, il ne faut pas sous-estimer l’intérêt des jeux : jeux de rôles, match de sport, joutes verbales… En plus de l’amusement et de l’action, tout l’intérêt est ici de permettre de rapprocher par la présence d’un ennemi symbolique commun. Avoir un ennemi nous rapproche. C’est éternel, très humain et tellement efficace.
En situation de crise, le dilemme du berger
Face à un conflit, il est parfois nécessaire de le gérer tout de suite, mais sans pour autant pouvoir le faire en grand groupe. Lorsque c’est le cas, plusieurs options sont accessibles. Il est possible de demander à un(e) élève d’aller chercher de l’aide pour qu’un autre adulte vienne s’occuper du/de la jeune en souffrance. Il est également possible de s’isoler, pour gérer la ou les personnes en souffrance, et en tablant sur l’autogestion du groupe dans ce moment de crise. Dans un cas comme dans l’autre, il est nécessaire de faire confiance aux jeunes. Ce sont vos impressions de l’instant ainsi que l’état de vos relations avec l’ensemble des jeunes ou avec certains d’entre eux qui vous permettront de faire un choix pour gérer cette situation de crise.
Gérer les violences en cercle de parole
Enfin, il existe des techniques pour apprendre à résoudre les conflits relationnels tout en restant dans le débat de groupe. C’est le cas par exemple du conseil de coopération, aussi appelé « espace de parole régulé ». D’une certaine manière, le conseil de coopération permet de faire un DESC mais à l’échelle du groupe. Il demande cependant une gestion fine de l’animateur, pour éviter que le débat ne dérape en violences mutuelles, pour parvenir à désincarner les tensions.
THE E-LEARNING TOOL
This project is co-funded by the Internal Security Fund of the European Union – GA N° 871038