Dans un groupe, il y a un effet de mode qui vous inquiète. Cela peut être des slogans violents sur des vêtements, le fait d’écouter de plus en plus de musique aux propos dangereux, le fait que les narratifs religieux fondamentalistes (chrétiens comme musulmans) se diffusent, etc. Que faire ?
À l’adolescence plus encore qu’aux autres périodes de la vie, le mimétisme est nécessaire à la vie en groupe. Pour nous sentir appartenir à une communauté, nous avons besoin de nous ressembler. C’est ce qui fait que, lorsqu’il y a prosélytisme par exemple (ce qui est en fait rare), celui-ci s’appuie systématiquement sur un processus social nécessaire au groupe.
Dans l’enfance et surtout à l’adolescence, les jeunes ont besoin de personnes en qui se projeter. Interdire symboliquement cette projection amène en fait plus que régulièrement à la renforcer. En effet, cela encourage le processus de rébellion ou le sentiment d’incompréhension, tous les deux typiques de l’adolescence.
Dans ce genre de situation, tout le challenge sera donc de ne pas attaquer frontalement les identités des jeunes en présence mais de les questionner, de les mettre en contact avec d’autres références, parfois d’en cadrer les comportements.
Adolescence rebelle ou dangereuse ?
Quelle que soit la stratégie choisie, l’enjeu sera aussi d’amener les jeunes à mieux comprendre la symbolique et les enjeux des mouvements dans lesquels ils s’inscrivent.
Il s’agira aussi de s’armer de patience, tant cette phase rebelle et mimétique est caractéristique de l’adolescence, et a d’une certaine manière besoin de prendre toute la place pour ensuite disparaître.
Enfin, un challenge peu évident concerne les cas où les jeunes seront ostensiblement opposés à la loi dans leurs comportements. Dans ce genre de cas, réagir au prosélytisme et/ou aux appels à la haine pourrait en effet entrer en concurrence avec la qualité de votre relation avec les élèves (voir Annexe 14 : se référer à la loi).
À court terme, intérêt et recadrage
À court terme, il est tout à fait opportun de vous intéresser aux expressions identitaires des jeunes, de leur demander de vous expliquer, de montrer ce que vous appréciez, de poser des questions, avec détachement, sur ce qui vous interpelle. Si certaines expressions sont clairement agressives et/ou discriminantes, il est également nécessaire de le faire savoir et, après vous y être intéressés, de recadrer le comportement pour éviter que le non-respect ne soit normalisé (voir Annexe 2 sur l’importance du cadre).
Vous intéresser à ces comportements collectifs et donc fréquents ne doit pas vous empêcher de donner aussi de l’importance aux autres comportements en présence. Face au mimétisme et au prosélytisme, la valorisation de la diversité est la trame de fond de toute stratégie efficace.
À moyen et long terme, ouvrir et approfondir
À moyen terme, il peut être intéressant d’inviter le groupe à rechercher des informations sur les comportements en question. Dans ce travail de recherche, ouvrir le champ sur d’autres thèmes connexes ou d’autres alternatives est également judicieux. À un moment ou l’autre de cette démarche, il est aussi utile d’inviter en classe un avocat, un juriste ou tout expert capables d’expliquer certains aspects légaux (ou autres) liés aux comportements des jeunes.
À moyen/long terme, une option est de faire encore plus de projets de rencontre que d’habitude. Plus les jeunes rencontrent de référents différents, moins ils restent dans un « entre-soi » qui enferme leur vision du monde, plus vous diminuez les chances de les voir verser dans des positions stéréotypantes et/ou fondamentalistes.
À court, moyen comme à long terme, si vous êtes en face de positions violentes, il est fondamental de soigner votre relation avec les jeunes. Lorsqu’un jeune est tenté de passer de l’attitude violente à la radicalisation, un conflit frontal avec un représentant de l’institution peut l’entraîner à se polariser encore davantage. Dans ce cas, si vous percevez un danger imminent, il va de soi qu’il faut tout de suite appeler de l’aide. En concertation avec votre direction, contactez alors les Équipes mobiles (numéro d’urgence – 0473/94 84 11), expliquez-leur la situation et voyez avec elles ce qu’il y a lieu de mettre en place au plus vite. Vous pouvez également appeler le CAPREV, service de la police fédérale qui prend en charge les situations d’extrémisme violent (numéro d’urgence – 0800/111.72).
http://centrelibrex.be/a-la-une/combattre-les-prejuges-avec-classroom-of-difference/
https://belgique.kivaprogram.net/
www.ecolecitoyenne.org/axe/justice-scolaire
https://extremismes-violents.cfwb.be/ressources/
http://www.enseignement.be/index.php?page=23747 .
Ressources spécifiques dans ce guide
Pour ajouter ou en débattre autrement (voir Annexe 9)
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