Des jeunes se plaignent des Chinois en disant que c’est parce qu’ils mangent des chauves-souris qu’on a le coronavirus aujourd’hui. Ils rajoutent “qu’on le savait depuis longtemps, que les Chinois mangeaient n’importe quoi”, et que “tout ça est lié à Bill Gates parce qu’il veut vendre ses vaccins”. Que faire ?
Au vu des multiples sources d’informations auxquelles ont aujourd’hui accès les jeunes, la désinformation circule parfois allégrement. Face à ces propos, il semble important de démêler le vrai du faux avec les étudiants sans toutefois donner l’impression de se moquer de l’élève quand ses commentaires paraissent éloignés de la réalité scientifique. En effet, ces paroles ont parfois été entendues dans le milieu familial et de la bouche de personnes estimées par l’enfant, ce qui peut d’autant plus risquer de le braquer sur ses positions.
Clarifier et sortir du tourbillon médiatique
Il semble donc aussi important de comprendre comment cet avis s’est construit : Où le jeune a-t-il entendu/lu ces informations ? A-t-il déformé/mal compris des informations ? Par la suite, l’enjeu sera d’entamer une réflexion sur la fiabilité de ses sources. Également, il semble important de « démystifier » le rapport à l’objet « coronavirus » qui est souvent empreint d’émotions (parce que les mesures nous privent de voir nos amis, parce que l’on craint la maladie, etc.), empêchant une prise de distance critique. Des bases de notions scientifiques sur comment se développe et circule un virus, mais aussi des informations historiques (les pandémies ne sont pas un fait nouveau) peuvent permettre de cerner la situation de manière moins engagée émotionnellement et d’ainsi remettre en question ces présupposés.
À court terme, des outils pour mettre de l’ordre
À court terme : le but est de gérer les débats et les échanges en amenant le questionnement et en faisant le point sur la part de faits et celle des émotions. Articuler la maïeutique (Annexe 7) avec un tableau « faits-émotions » (Annexe 4) peut, ici, être plus qu’utile. Dans ce travail, il faut veiller plus particulièrement à ne pas se moquer (ou laisser se moquer par) des jeunes qui ont tenu les propos initiaux, au risque de provoquer un repli sur soi. Il est important également de faire comprendre aux jeunes que les propos racistes à l’égard des Chinois et des Asiatiques ne sont pas moins graves que les autres. Ils ne sont pas non plus « davantage légaux » (voir fiche 5.3.2 sur le racisme). Il est enfin nécessaire (et peu évident) de leur faire prendre conscience que, dans ce cas, les stéréotypes se mélangent intimement aux hypothèses scientifiques. La question des chauves-souris est en effet une hypothèse sérieuse ici mélangée à des stéréotypes plus vulgaires (« tous les Chinois en mangent » et « c’est un complot de Bill Gates »). Pour y parvenir, votre travail de reformulation sera crucial.
À moyen terme, réfléchir mais aussi chercher
À moyen terme : il est possible de mener un travail avec les étudiants sur comment reconnaître une source fiable, sur l’importance de croiser les sources, etc. (voir fiche 5.3.17 sur le complotisme). En outre, au sujet du coronavirus en particulier, une option fournit au travers de notions scientifiques une explication objective de la formation et transmission du virus. Au travers de notions historiques, il est aussi possible de « diminuer » le caractère exceptionnel de cette situation en exposant que de nombreuses pandémies ont déjà eu lieu au travers des âges et qu’il n’est donc pas étonnant qu’il s’en produise encore aujourd’hui.
À moyen terme toujours, il est possible de travailler davantage le questionnement avec les élèves, en se demandant par exemple « s’il faut que les décisions politiques soient prises par des scientifiques ? » à l’intérieur d’une démarche de joutes verbales.
À moyen terme encore, un travail intéressant consiste à faire avec les élèves une ligne du temps de l’histoire du Coronavirus, en les invitant à y préciser dans une bande les éléments qui sont de l’ordre des décisions politiques et dans une autre bande ceux qui sont liés à leurs émotions et leurs situations personnelles (voir ressources). Ce travail est très utile pour aider à avoir une perception plus distanciée des faits (même s’ils sont encore assez chauds) tout en les mettant à distance des émotions et en valorisant ces dernières.
À moyen/long terme : il s’agit d’apprendre aux jeunes à exercer leur esprit critique face à l’information et, pour ce faire, vous pouvez les inviter à justement construire de l’information en produisant des articles, des vidéos, des podcasts que vous auriez construits ensemble sur le sujet du Coronavirus ou sur des thèmes associés.
Ressources spécifiques dans ce guide
Pour jouter ou en débattre autrement (voir Annexe 9)
Des circonstances exceptionnelles justifient-elles des mesures liberticides ?
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