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Société et idéologies

L’Islam, une religion de paix ?

Challenges

Selon certains élèves, l’Islam n’est pas une religion compatible avec la démocratie. D’autres, au contraire, disent que c’est une religion de paix et qu’il est injuste qu’elle ne soit pas acceptée. Dans le groupe, certains sont musulmans et d’autres pas. Comment réagir ?

 

Depuis 1989, la médiatisation de conflits internationaux n’a fait qu’aggraver l’image de l’Islam en Occident. Guerre du Golfe, World Trade Center, départs en Syrie,… le traitement de tous ces sujets et les débats publics associés ont progressivement modelé une peur de l’Islam grandissante. Dans le même temps, l’Islam d’Europe s’est caractérisé par de nombreux mouvements. Parmi ceux-ci, on peut souligner le fait que les populations récemment émigrées se sont installées durablement et ont commencé à revendiquer davantage de droits concernant la pratique de leur religion. On peut également pointer que l’Islam d’Europe a été massivement investi par la théologie wahhabite. Du fait des énormes capitaux dépensés par l’Arabie Saoudite en ce sens, du fait aussi de la complaisance (ou du manque d’intérêt) des autorités à cet égard, cette idéologie peu compatible avec l’ensemble des valeurs démocratiques a eu une influence grandissante sur les musulmans européens (comme sur ceux du reste du monde d’ailleurs). Si on ajoute à ce contexte toutes les difficultés liées à l’arrivée des vagues d’immigration ouvrière (notamment en matière de gestion des diversités), on a une partie du tableau expliquant la complexité à débattre sereinement de ce sujet.

 

Parler d’Islam, parler d’identités blessées

Pour y parvenir, un des enjeux sera par exemple de ménager les identités : celle des musulmans qui a donc été blessée à de nombreuses reprises, mais aussi celle des européens dont la « sécularité » se sent souvent aussi mise en danger. Un autre enjeu est de bien comprendre la multiplicité des formes d’Islam. C’est une religion que les non-musulmans connaissent en général très mal, ne retenant que les stéréotypes véhiculés. Quant aux musulmans, ils n’ont pas forcément une vision large des multiples versions de leur religion.

 

Un troisième enjeu sera de percevoir l’originalité de l’Islam dans son rapport à l’Occident, si on le compare au christianisme par exemple. La place de la règle n’est en effet pas du tout la même dans l’une et l’autre de ces religions, ce qui a des incidences sur les enjeux des débats.

Options

À court terme, accueillir les blessures et gérer les débats

À court terme, l’essentiel est de gérer le débat de manière à ce que tout le monde soit entendu et reconnu dans sa position. Cela peut se faire via une stratégie de maïeutique en grand groupe (Annexe 7), mais aussi par le biais de plus petits groupes de discussion si vous sentez que le climat d’écoute est difficile (Annexe 4). Dans cette première phase, il est important que chacun ressente l’intérêt pour qui il est et ce en quoi il croit.

 

À moyen terme, cultiver la profondeur et la pluralité

Une fois que tout le monde se sent reconnu, et que certaines blessures sont donc moins à vif, à moyen terme, tout l’enjeu est d’ouvrir les horizons de la réflexion. Il se peut que beaucoup de richesses soient déjà sorties des premiers échanges. Via un dossier, un film, une rencontre, cette seconde étape permet de comprendre que chaque religion est plurielle et que, s’il y a un Dieu, personne n’a le monopole de l’interprétation de son message. Pour les non croyants, l’intérêt de cette multiplicité est aussi de voir à quel point les stéréotypes sont loin de la réalité.

 

Dans ce travail à moyen terme, il est aussi intéressant de faire un détour par le cadre légal et de montrer que les positions traditionnelles des religions entrent en tension avec une partie de nos lois.

 

À moyen et long terme, nourrir les chemins de fierté

À moyen/long terme, il est intéressant de faire une production avec les élèves, dont ils peuvent être fiers et qui témoigne de leur volonté de faire évoluer les stéréotypes mutuels en matière de religion. Le travail, non pas sur une religion, mais sur la diversité de religions comme de positions religieuses, sera à privilégier.

Ressources
    • Emilio Platti, Islam, étrange ?, Paris, Broché, 2000.
    • Dossier de comparaison entre les règles dans l’Islam, le Christianisme et la société contemporaine (lien encore à proposer).
    • Rachid Benzine et Ismaël Saïdi, Il y a quoi encore dans le Coran ?, Paris-Bruxelles, La Boîte à Pandore, 2019.
    • Rachid Benzine, Le Coran expliqué aux jeunes, Paris, Broché, 2013.
    • Mieux comprendre les mots de l’Islam, voici un article qui fait le point sur les grands concepts de cette religion, et sur les incompréhensions dont ils font souvent l’objet. – Djihad, charia, hidjab : l’abécédaire des mots-pièges de l’islam :

    https://www.lejdd.fr/Societe/Religion/Djihad-charia-hidjab-l-abecedaire-des-mots-pieges-de-l-islam-781255

    • Pour aller un peu plus loin, cet article de Youssef Chiheb est également intéressant. Mots-clés du langage théologique religieux et politique de l’islam Salafo-Whahhabite :

    http://francopol.org/uploads/tx_news/2019-07-26_CF2R_VocIslam.pdf

     

    Ressources spécifiques dans ce guide

    • Annexe 4, Outils pour que les débats soient des opportunités
    • Annexe 7, La maïeutique, art de questionner les esprits

     

    Pour jouter ou en débattre autrement (voir Annexe 9)

    • Peut-on caricaturer la religion ?
    • La religion est-elle l’opium du peuple ?
    Les convictions sont-elles des prisons ?
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